[LE MÉTIER DU MOIS] - Clément BARTHÉLÉMY (IFAG Montluçon 2012), nous révèle les coulisses de sa mission exceptionnelle de Responsable de projet Cuisines des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.

Cela fait 100 ans que ce n’était pas arrivé. En juillet 2024, la France accueillera le plus grand évènement du monde : les Jeux Olympiques (26 juillet 2024) et Paralympiques (28 août 2024) d’été.

Pendant 2 x 15 jours, pas moins de 13 millions de repas et snacks seront servis, soit l’équivalent de 10 coupes du monde de football. 

En coulisses, depuis des mois, des milliers de personnes œuvrent aux préparatifs. Parmi elles, Clément Barthélémy (IFAG Montluçon 2012). Responsable de projet Cuisines des JOP de Paris 2024, il nous ouvre les portes de son métier peu ordinaire.  

Et lève le mystère sur une question fondamentale : comment fait-il pour gérer ce projet XXL ?  

 #1 - La fierté d'en être : 1er moteur

Adopter l’esprit start up des JOP

"Tout va très vite à Pulse, le QG des JOP de Paris 2024 et ce, dès le processus de recrutement. Un peu trop installé dans mon précédent poste, j’ai vu cette offre de mission sur LinkedIn. Sans trop y croire - puisque je ne correspondais pas parfaitement au profil recherché - j’ai tenté ma chance. En moins d’un mois, j’avais une proposition de contrat". 

Capitaliser sur son expérience et sa personnalité  

Sportif, visionnaire, mentor, et expert en gestion de projets, ce diplômé de l'IFAG de 37 ans capitalise sur son passé pour exceller au sein du COJOP 2024. Son atout clé : un réseau professionnel solide tissé au fil des ans. Sa capacité à gérer la pression a également été forgée grâce à son rôle chez Electrolux Professional, supervisant la production d'un plateau télévisé suivi par 2,5 millions de téléspectateurs chaque soir, et contribuant à la création de l'école Ducasse à Meudon et à celle de restaurants étoilés.

Cet amateur de gastronomie a "toujours cherché à promouvoir notre patrimoine culinaire et l’Excellence à la française". Avec pour inspiration l’histoire du Petit Prince, incarnant une curiosité inlassable, la remise en question constante, et l'ambition de réaliser l'impossible. Le slogan des JOP, "Ouvrir grand les Jeux," colle parfaitement à cette philosophie d'ouverture et d'ambition. Et c’est ce qui lui a plu.

Faire de l'audace sa feuille de route pour relever des défis titanesques

La mission de l'équipe est claire : faire en sorte que tous les publics des JOP de Paris 2024 aient de quoi se nourrir, dans le respect de la Food Vision de Paris 2024. Et qu’il soit facile de gérer ses déchets ainsi que le nettoyage sur les sites de restauration.

"En ce qui me concerne, je m’occupe des structures et du matériel des cuisines, éphémères ou existantes (100 restaurants en BToB, 800 points de ventes BtoC comme les Food Trucks, conteneurs réaménagés, Pushcart… et ce sur plus de 40 sites). En tout : 13 millions de repas sur 2X15jours, pour 15000 athlètes, 45000 bénévoles, 26000 médias, plus de 13,5 millions de spectateurs".

Dans le détail, il s’assure que chaque site (compétition ou non) soit suffisamment structuré dans son offre de restauration et que chaque cuisine soit correctement équipée en matériel pour assurer les niveaux de services attendus, dans le respect des règlementations et normes liées à la restauration.

#2 - Passer du macro au micro

Découper les objectifs XXL en tâches réalisables  

Pour réussir à gérer la transformation de 13 millions de repas, il est essentiel de définir des jalons encourageants et réalistes en faisant des focus par site (40 sites), par niveau de services (restaurants, foodtrucks…), par population (athlètes, médias, grand public). "Ensuite nous mettons en commun nos travaux dans une réunion de 30min pour suivre les avancées de chacun, ou poser les questions nécessaires dans un instant formel".

Innover en s’appuyant sur l’existant

Les derniers Jeux Olympiques d'été en France remontent à 1924, une période de 100 ans rendant difficile la capitalisation de l'expérience française. Cependant, l'organisation des Jeux à Londres en 2012, avec des contraintes similaires dans une grande capitale, sert de référence. De plus, les tests events d'été et la Coupe du Monde de rugby en France en 2023 ont agi comme une répétition et une source d'observation pour les organisateurs des Jeux Olympiques.  

#3 – Communiquer et gérer de manière éco-responsable

Réaliser les JO les moins chers de l’histoire

Le budget des Jeux Olympiques est majoritairement financé par la vente de billets, des partenariats privés et le soutien du CIO.

Des stratégies novatrices ont été adoptées, comme la location de matériel au lieu de l'achat, et la collaboration avec des prestataires spécialisés pour réduire les coûts de construction. "Ces approches sont uniques dans l'histoire des Jeux Olympiques".

Les Jeux Olympiques et Paralympiques s'engagent à promouvoir une restauration durable avec 6 engagements clés pour réduire l'empreinte carbone, limiter l'usage du plastique et favoriser l'insertion professionnelle. 

Les menus comprendront a minima 50% de plats végétariens et 100% de produits locaux, De plus, des pratiques comme la location de matériel au lieu de l'achat, la garantie d'une seconde vie pour le matériel, et la gestion écologique des déchets sur chaque site contribuent à cet engagement en faveur de la durabilité.

Le rôle de l’IFAGuien, diplômé de Montluçon, consiste à maintenir un flux continu d'informations entre tous les groupes impliqués dans le projet. Leur donner un aperçu clair de l'avancement, des problèmes rencontrés et des décisions prises. Faire en sorte que tout le monde soit au courant des priorités et des attentes.

Cette communication participent à l’avancée des nombreuses missions de Clément Barthélémy incluant la rédaction et l'accompagnement d'appels d'offres, la mise en place de cuisines techniques temporaires ou permanentes, les rencontres avec divers partenaires et responsables de sites prestigieux (ex : Château de Versailles), ainsi que la gestion de chantiers importants pour les Jeux Paris 2024 (ex : mur d’escalade au Bourget) et de bâtiments historiques (ex : Grand Palais), avec un accent mis sur la création de cuisines.

La pression s'est accentuée, notamment depuis la rentrée de septembre 2023, lorsque "les équipes des JOP sont passées d'une vision stratégique à une mise en œuvre opérationnelle".

Afin de garder la tête froide, Clément Barthélémy précise qu’il "prend soin de célébrer chaque petite victoire en équipe par des rassemblements fréquents".

Entretenir son corps et muscler son mental

Pour préparer cette course de fond, les équipes de Clément entretiennent leur corps et muscle leur esprit. « On fait beaucoup de sport(s) pour renforcer notre confiance et nous libérer du stress accumulé»

Des équipes en meilleure forme physique sont davantage capables de faire face aux défis qui se présentent dans un projet sous pression. Les compétences développées dans le sport, telles que la communication, la collaboration et la confiance mutuelle peuvent être transférées à l'environnement de travail et ainsi maximiser l’efficacité du groupe. De plus, l’activité physique prépare nos corps au pic d’activité terrain attendu lors du Games Time.

Anticiper l’après JOP

"Nous sommes embauchés en CDD" confirme le chef de projet expérimenté. 

Pour libérer les esprits et mieux nous concentrer sur nos missions, le service RH des JOP organise des Rencontres avec des partenaires, pour préparer la période post-JOP. "Un process rassurant pour de nombreux collaborateurs qui continueront généralement dans l’événementiel (sportif ou non)".

Conclusion

Les clés pour gérer un projet de grande envergure sont :

• Construire sa légitimité pour le poste en s’exerçant sur des projets + modestes 
• Découper des objectifs XXL en tâches humainement abordables 
• Maintenir un flux constant d’informations entre tous les acteurs 
• Faire du sport un des piliers de sa gestion de projet 
• S’accorder des temps de déconnexion totale