[LES MÉTIERS DE L’IFAG] - "Ancien manager chez Lidl, je suis devenu détective privé indépendant" - Pierre LEBOEUF (IFAG Auxerre 2009)

Il a quitté son métier de responsable de réseau chez Lidl pour aller vers une activité faite de mystères et d’enquêtes à résoudre. Nous avons rencontré Pierre LEBOEUF (IFAG Auxerre 2009), à la tête aujourd’hui d’un réseau de 5 agences d’investigation en Alsace et sur le territoire de Belfort.

Naissance d'une vocation

Alors que Pierre encadre une cinquantaine d’employés répartis sur 5 magasins de la chaîne Lidl à Metz, il est confronté à une série de vols inexpliqués.

Piqué à vif dans sa curiosité, il se passionne pour l’affaire et mène lui-même les investigations jusqu’à démasquer le coupable parmi les employés. 

Son enthousiasme et sa perspicacité dans l’enquête interpellent un proche qui lui suggère une reconversion vers l’agent de recherche privé et le met en contact avec un détective de son réseau. 

Pour Pierre, c’est le déclic : “cette rencontre a été le point de départ de ma décision de quitter mon poste chez Lidl”.

Un métier fascinant axé sur la compétence juridique

Il rejoint la formation d’une année dispensée par l'Institut de Formation des Agents de Recherche (IFAR) à Montpellier. 70% de la formation est axée sur le domaine juridique. 

L’IFAGuien découvre un monde exaltant à des années lumières de son quotidien de manager.   Si le terrain reste le meilleur des apprentissages l’Institut enseigne les fondamentaux du rôle de détective privé :   

• Les enquêtes économiques, l'espionnage, le contre-espionnage et les enquêtes financières ;
• L'utilisation de dispositifs et d'équipements spéciaux ;
• La gestion d'entreprise pour ceux qui souhaitent fonder leur propre agence de recherche privée.
  

Enfin comme il le précise, “une bonne condition physique et une solide connaissance du droit sont primordiales, car le risque est principalement juridique même si j'ai déjà été confronté à des menaces”.

Accès limité à la profession 

La profession d’agent de recherche privé fait l’objet d’une réglementation stricte, nécessitant l'obtention d'un agrément. 

Elle est également soumise à un numerus clausus :  la promotion de Pierre ne comptait pas plus de 15 étudiants. Seules 3 écoles de formation existent en France dans lesquelles les admissions se font généralement sur dossier.

Les professionnels de la sécurité privée ont un accès limité aux données confidentielles en raison de contraintes légales et éthiques. Ils doivent opérer dans le respect des lois en vigueur et des droits individuels afin de constituer des dossiers dont les preuves seront admissibles devant les tribunaux. 

Le détective insiste sur ce point :  “nos rapports d'enquête se composent principalement de texte. Les photos et vidéos sont mises à la disposition du juge, mais elles ne sont pas intégrées au dossier car elles relèvent du domaine privé.”

En termes de réglementation, la profession est également soumise à de fortes restrictions. Les agents de recherche ne sont pas autorisés à mettre une personne sur écoute et n’ont pas accès au fichier des cartes grises, ni à celui des banques. À l'inverse des huissiers de justice qui eux, ont accès à ces fichiers en tant qu’officiers ministériels.

À chacun sa spécialisation 

De nombreux agents de recherches choisissent de se spécialiser dans des domaines spécifiques en fonction de leurs compétences, de leur formation et de leurs intérêts particuliers.

Parmi les domaines de spécialisation les plus courants :

• La détection de fraudes, que ce soit dans le cadre d'assurances, du contrôle d’arrêt maladie, de litiges financiers ou de fausses déclarations,
• Les enquêtes matrimoniales dans le cadre de cas de divorce, d'adultère ou de garde d'enfants,
• La recherche de personnes disparues,
• Les enquêtes criminelles pour les agents de recherche qui possèdent une expérience antérieure dans les forces de l'ordre.

Mais les places sont chères et seuls ceux qui disposent d’un solide réseau professionnel parviennent à exister dans la durée.

Une spécialisation de niche

Fort de son expérience professionnelle et de son parcours à l'IFAG, Pierre, familier du monde de l'entreprise, a décidé de se spécialiser davantage dans ce secteur.

Il collabore avec les entreprises qui ont des besoins d’investigation sur des affaires telles que : 

• Des arrêts maladie abusifs, 
• Des vols de marchandises ou de matériel, 
• Des cas de concurrence déloyale, 
• La recherche de débiteurs étant partis sans régler leurs dettes.  

L’investigation, processus méticuleux 

Toute nouvelle affaire démarre par un entretien avec le client afin d’évaluer la faisabilité et la recevabilité de sa demande dans le cadre des activités de l’agence. Ensuite, le détective adopte une approche stratégique en planifiant l'enquête de manière à produire des preuves admissibles devant les tribunaux.

Un exemple concret ? “Une mission visant à prouver qu'un maçon en arrêt maladie travaille au noir”, nous raconte Pierre.  “Dans ce cas, une filature discrète pourrait être entreprise, en se faisant passer pour un client potentiel sur son chantier afin d'obtenir une carte de visite, qui deviendra une preuve tangible. Associé à une recurrence du travail, le dossier pourra être monté afin de la produire devant la juridiction compétente.”

Si son quotidien n’est pas celui de Sherlock Holmes ou d’Hercule Poirot, il n’en est cependant pas si éloigné. C’est un métier où l’activité est constante avec en moyenne une centaine de dossiers à traiter par an pour l’IFAGuien.

Mais ce qu’il aime le plus de sa profession, c’est sa diversité. “Je commence le matin sans certitude quant à mon retour. Je peux faire une filature à 5 heures du matin en tenue de camouflage, puis rencontrer un client à 10 heures avant de reprendre à 14h le fil d’une enquête sur un arrêt maladie”.

Un quotidien particulièrement éloigné de son ancienne routine de manager chez Lidl, qui appartient de façon définitive à sa vie d’avant !