[L'EXPERT DU MOIS] – Pierre-Louis REYNAUD (IFAG Lyon 2008) "La valeur se calcule, le prix se constate" selon cet associé de Smart Entrepreneurs Partners (banque d'affaire des PME) et spécialiste des Cessions/Acquisitions

« La valeur se calcule, le prix se constate ». Peux-tu nous en dire plus sur cette manière de voir ton rôle de conseil auprès des dirigeants qui souhaitent lever des fonds ou procéder à une cession/acquisition ?  

Il est souvent commode de penser que théorie et pratique se rejoignent. La valeur théorique fixe un prix minimum d’une société, duplicable dans tout contexte et qu’importe la typologie de l’acquéreur (Industriel, Fonds d’investissement, repreneurs personnes physiques…). Ladite valeur étant automatiquement transformée en flux financiers correspondant à l’issue du process  d’intermédiation.

" Le prix c'est le montant versé par les flux, la valeur c'est l'assiette de calcul permettant de déterminer le prix " 

Pour les sociétés cotées, valeur et prix se rejoignent, à une surprime près. Dans le non-côté, le prix payé pour une PME fait osciller la valeur théorique du simple au double, en moyenne : le projet de l’acquéreur et l’addition des savoir-faire différenciateurs des entités créent synergies, barrière à l’entrée, facteurs clés de succès. Et donc retour sur investissement et rendement interne (TRI) de l’opération. Il est impératif d’intégrer que les contreparties acquéreuses, Industrielles comme Fonds, pensent à la sortie de leurs investissements au moment d’y entrer. Quand bien même celui-ci doit intervenir 5 à 7 ans plus tard.

Les facteurs clés de succès de nos missions, les attentes de nos clients, reposent in fine sur notre expérience à exécuter un process concurrentiel formalisé et confidentiel, notre capacité à sourcer des contreparties pertinentes en inscrivant la Cible dans leurs thèses d’investissement. Et pour cela comprendre les drivers/métriques propres à chaque secteur et société, s’inscrire dans le momentum du dirigeant, emmener les parties prenantes dans celui-ci. Le temps est donc pour nous la valeur cardinale.

Le projet Smart Entrepreneur s’inscrit dans le temps long. La pluralité de profils de ses associés permet de s’adapter à tout sujet.

L'équipe de Smart Entrepreneur

Que penses-tu de l'évolution du marché des banques d'affaires ?

Sous le scope financier : en aval, les introductions en Bourse (IPO) se démocratisent et apportent des hypothèses de sorties aux associés et fonds détenant des sociétés en forte croissance. En amont le « Private Equity » suit la même tendance : les outils fléchant l’épargne vers les fonds d’investissement se développent et font baisser les tickets d’entrée. 

Mes clients sont les premiers à s’en être rendus compte : entourés d’avocats, notaires, agents immobiliers, gestionnaire de patrimoine… Ils ne se posent plus la question d’allouer des fonds sur des classes d’actifs telles que l’assurance vie ou l’immobilier pour des rendements net d’impôt de 1 à 3%, quand des opérations de Haut de Bilan (levée de fond réalisant des croissances externes) rapportent entre 10 et 20%/an. Le risque étant évidemment plus élevé.

Des dirigeants plus jeunes pour réaliser des levées de fonds ou des M&A

Sous un angle plus sociologique, les dirigeants sont de plus en plus jeunes à réaliser ce type d’opérations, en réalisent de plus fréquemment, et sont de moins en moins attachés à leur entreprise en tant qu’"œuvre de leur vie". Parallèlement, il existe une raréfaction du dirigeant de 65 ans cédant sa société et une multiplication du dirigeant de 45-50 ans ayant vendu sa 1ère société, souhaitant en acheter 2 à 3 autres, les consolider et les revendre.

Enfin, nous voyons apparaître une tendance forte liée à l’empreinte carbone ou la décarbonation des activités. La norme RSE, les Fonds « Impact » …

"Il existe beaucoup d'idées reçues"  

Cela fait cinq ans que j'opère dans la « Finance » et je suis toujours surpris de constater que les idées reçues sont systématiquement battues en brèches dans la "vraie vie".  En plus de 15 opérations, je n’ai par exemple constaté aucun licenciement. Au contraire. Et j'ajouterais avoir constaté énormément de savoir-vivre, d’éthique et de responsabilité auprès des Fonds que je côtoie.